Marc Jonas, 20 années d’expérience dans l’œnotourisme & l’agritourisme
Mon orientation dans le secteur Vin/tourisme date de mes premières années de travail à sillonner le sud de la France comme représentant de commerce.
De ces 3 années, je retire la conviction que la vigne et le vin sont un patrimoine culturel, que les paysages sont le fruit d’une construction collective, et que le tourisme devrait se pencher sur ce gisement trop souvent délaissé. J’arrête la représentation en 1991 pour me consacrer au métier qui occupe mes journées depuis : l’Œnotourisme.
Un diplôme d’œnotourisme avant la lettre
En 1992 je fais une formation d’Organisateur de Produits Touristiques. Je veux faire du tourisme du vin avec l’idée de me constituer l’équivalent d’un BTS alors inexistant. Le mot œnotourisme ne se pratique pas encore. Un de mes stages en entreprise, m’ouvre les portes de la Maison du Tourisme et du Vin de Pauillac où je découvre l’attrait du vin sur les visiteurs du monde entier. Mon mémoire de fin de stage – encore très sommaire dans ses propositions – est intitulé : la Dive Bouteille ! En 1994, je décide de suivre une formation de Commerce International de Vin pour intégrer le monde du vin et consolider mon socle de connaissances. Les années qui suivent, je lis presque tout ce qui concerne l’histoire et la sociologie du vin : Roger Dion, Marcel Lachiver, Gilbert Garrier, Jean Clavel, Geneviève Gavigneau-Fontaine, « La vigne dans l’antiquité » de Raymond Billard…
Pour parfaire ma culture sans doute un peu trop franco-française et élargir encore ma veille de ce métier émergent, je pars visiter la Californie. Trois mois entre Novembre 1995 et Février 1996 à sillonner les vignobles de Napa, Sonoma et Santa Cruz, afin de découvrir et sentir la manière de consommer le vin là-bas. Je goûte beaucoup mais surtout je découvre une autre réalité de l’œnotourisme : le vigneron est un chef d’entreprise, qui fait entre autre du vin ! Cela conforte mon intuition sur les évolutions en cours : d’un marketing de l’offre on est en train de passer à un marketing de la demande. Et la clé du succès de bien des projets consiste à dépasser le produit « Vin » pour mieux y revenir via la compréhension et la prise en compte d’une entité nouvelle aux contours jusqu’alors assez flous : le client !
Confrontation au marché du tourisme viticole
Mais l’intuition est peu de chose en dehors de la réalité d’une activité ou d’une mission. Je passe deux saisons en 1995 puis 1996 au Mas des Tourelles dans les Costières de Nîmes à faire l’accueil, gérer le caveau, animer les dégustations, guider les visites des expositions. Je peux vivre de l’intérieur le quotidien d’un domaine viticole. En 1997 j’intègre le Pays d’Accueil Touristique des Terres de Sommières. J’y développe une mission de commercialisation de produits touristiques où je travaille en concertation avec les professionnels du tourisme, les institutionnels et les guides de pays en mettant en place des programmes de visites guidées. Je réalise des prestations sur la découverte des terroirs et des visites de cave avec dégustation. Pendant près de deux ans je vais assumer le rôle de responsable des guides de pays du Gard que je représente auprès des institutions locales.
Chemins Vignerons : une culture du client
C’est à partir de ces expériences décisives que je développe un projet oenotouristique dès le début des années 2000 : « Chemins vignerons » qui en 10 ans me donne l’opportunité de travailler avec plus de 50 clients/partenaires BtoB, et de conduire dans les vignes méditerranéennes plus de 5000 personnes, en groupe ou en individuel, issus de tous les horizons et avec des profils très différents : scolaires, seniors, petits groupes VIP, clientèle anglophone ou issue des pays émergents etc.
Pour renforcer ma démarche commerciale autour de ce projet, je mets en place des sites internets et des newsletters et, plus récemment, je m’investis dans les nouveaux moyens de communication liées aux réseaux sociaux, l’e-reputation…Dans une approche plus stratégique, j’élabore en continu des projets de partenariats pour mettre en place une logique d’agence du tourisme du vin. Autant de projets et de situations qui me permettent de pointer le manque global de compréhension vis à vis de l’œnotourisme et me montrent dans le même temps l’intérêt grandissant pour ce domaine, devenu une réelle opportunité.
Dans le principe de développement de cette activité, je passe le diplôme de Guide de Pays et un peu plus tard celui de Guide Conférencier, et en 2009 j’obtiens le diplôme de la toute première Licence Professionnelle Oenotourisme et Evénements Culturels délivré par l’Université de Nîmes.
Une évolution naturelle vers le métier de conseil en œnotourisme
Aujourd’hui, j’ai accumulé une connaissance fine de la réalité du terrain et de la manière de concevoir l’accueil œnotouristique en intégrant les impératifs des agences de voyages et des intermédiaires en général. Je vis au quotidien les variations énormes de qualité d’accueil d’une cave à une autre. Je connais les attentes des agences émettrices outre-Atlantique et surtout celle des clients finaux, ceux qui ont payé pour venir, dont le rêve est de fouler les terres de ces vignobles fantasmés. Cette connaissance de la clientèle est directement issue de mon expérience, et représente l’un des points forts de mon activité professionnelle. De la même manière, je tire profit d’une fréquentation assidue du monde de la distribution des produits touristiques et des cahiers des charges techniques et administratifs. Je sais enfin à quel point le dépassement des conservatismes et de l’immobilisme économique est un enjeu essentiel pour parvenir à mettre en place des projets œnotouristiques et permettre aux vignerons d’investir dans la valorisation de leur patrimoine émotionnel.
Créateur du concept d’œnosystème et convaincu de la pertinence du marketing émotionnel en matière d’œnotourisme, c’est cette connaissance et cette expérience que je mobilise dans mon activité de conseil du tourisme du vin.
La transition durable : une Ressource Sensible & Economique !
Très concerné par les dimensions durables de l’agritourisme en général, et plus spécifiquement dans l’œnotourisme, je me préoccupe des dimensions éthiques et des valeurs des mondes de la ruralité, de l’hédonisme et du « vivre ensemble ». J’oriente mes réflexions vers la mutualisation et la coopération pour trouver une issue à la problématique de la rupture ville / campagne grandissante, de la mobilité douce, d’un tourisme de « 4 saisons » …
Une réponse sur « Marc Jonas »
Merci pour vos nombreux articles. Je les lis avec beaucoup d’intérêts car je suis
aussi indépendant en oenotourisme.
Je travaille en Suisse et je suis, depuis novembre dernier, partenaire de Vaud oenotourisme.
Quel régal de travailler dans ce domaine.
J’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer prochainement autour d’un verre afin d’échanger et partager.
Salutations oenotouristiques !
Jacques