Il est assez rare que je compose mes articles à la première personne. Aujourd’hui je vous fais part d’un voyage en Alsace 100% décarbonné à destination de Strasbourg.
L’objectif principal était donc la décompression et la déconnexion de mon quotidien mais aussi de découvrir l’univers alsacien … territoire où je n’avais jamais mis les pieds. Autour d’une location à la semaine dans le quartier de Robertsau (en périphérie, à proximité du Rhin) nous avons rayonné sur un mode slow dans la ville et fait quelques incursions dans le vignoble.
Voyager sans voiture
Une première en ce qui me concerne, avec une certaine appréhension initiale, d’être privé de faire ce que je voulais quand je le voulais. C’est un luxe quand on y pense de satisfaire ses moindres envies, à l’impulsion. En associant Tram (du domicile à la gare Montpellier sud) – TGV – Métro (pour traverser Paris) – TGV – Bus, pour finalement arriver à la location on parvient à voyager de manière peu carbonnée.
- Le temps – Il est vrai que cela peut paraître long (de 10h du matin à 17h30 : moment de la fermeture et de l’ouverture des portes des domiciles) mais en voiture, Mappy donne un déplacement de 6h53 sans les moments de repos préconisés toutes les 2h. En comptant 20 minutes de pause toutes les 2 heures et 1 heure consacrée au déjeuné, le budget temps se prolonge à 8h53 … sans compter les possibles bouchons et égarements dans cette ville nouvelle à mes yeux)
Pas si slow que ça finalement, le train quand on le compare à la voiture !
- Par principe, même si l’avion ne rentre pas dans ma vision du voyage, je compare les coûts (en temps, en confort & en argent) sur une période sensiblement équivalente :
Le voyage direct proposé sur volotea.com pour arriver à Eintzeim dure 1h10 auquel plus ou moins 1h de trajet domicile / aéroport sont à ajouter, ce qui d’un point de vue temps, rend le voyage très compétitif.
- L’argent : en ayant réservé nos billets de train (pour 2 personnes) un mois à l’avance, le coût du voyage à environné les 300 € A/R (plus 5,6€ de métro et 4€ de bus) … un certain budget quand même !
Du côté voiture Mappy évalue le coût en carburant de 89,07 € aller et 60,90 € de péage ce qui nous revient à un total de 299,94 aller / retour. Les coûts annexes d’entretien et d’assurance etc n’entrent pas dans ce calcul bien entendu !
Pour l’avion Volotea propose des vols entre 72 et 153 € l’aller donc 288 à 612 € pour 2 personnes
Le train reste compétitif … et c’est tant mieux !
-> Les coûts économiques pour ces trois types de mobilité sont très similaires c’est le bénéfice psychologique qui peut faire la différence

– par la dernière porte du tramway
– dans la limite de deux par rame
– hors heures de pointe
- Le bien-être : Le train est un moyen assez reposant de se déplacer. C’est par ailleurs un mode infiniment plus sûr que la voiture et d’un temps utile suffisamment long pour rattraper le retard de lecture ou de rêvasser … mode de créativité qui fonctionne particulièrement bien à mon égard.
La voiture sur ces trajets longs est abrutissante, fatigante et n’a d’avantages à mes yeux que de déplacer son petit confort quotidien (moins de limites de bagages, aisance comportementale dans le véhicule, plasticité du déroulement du voyage …)
L’avion est le plus rapide, mais que de temps perdu, si peu exploitable, qui oblige à compenser sur le smartphone à continuer le travail (ou à jouer, à scroller, à naviguer sur le net … ) mais où est la déconnexion du voyage !
Sur place
Strasbourg est une ville magnifique. Le patrimoine et la gastronomie enchantent et nourrissent le dépaysement. L’offre culturelle est largement suffisante pour remplir les 8 jours sur place. Mais c’est l’impression de calme et de qualité de vie qui m’a surpris de prime abord. C’est une ville plutôt silencieuse en dépit de sa taille et de la masse de visiteurs en cette première semaine de juillet. J’analyse cela à la qualité de son réseau de transports publics : les tram et les bus offrent une très grande liberté dans les mouvements et se combinent aisément pour rejoindre tous les quartiers de la ville.
Mais c’est l’usage du vélo par les habitants qui est le plus saisissant. Et cela incite à faire de même, d’enfourcher la petite reine pour aussi découvrir les lieux plus facilement.
Les tram sont conçus pour y installer la bicyclette. Il faut parfois une certaine adaptation pour un visiteur comme moi, non habitué à de tels flux de cyclistes : comme avec les voitures, il faut bien regarder à gauche et à droite avant de croiser les voies cyclables sans risque de causer un accident.
Donc la voiture dans cette circonstance s’est avérée totalement inutile.
L’œnotourisme
En allant à l’OT, l’hôtesse très compétente et attentionnée, a été un peu désarçonnée par ma requête qui consistait à partir dans le vignoble et de trouver un moyen de mobilité sans voiture.
Hors des propositions de VTC ou agences réceptives qui ne m’intéressaient pas, peu de solutions ont émergé. Seule l’offre de location de VAE* de la société One City Tours me permettait de rejoindre Colmar au départ de Strasbourg, en mettant les vélos dans le TER.
Chose que nous avons faite assez facilement (il faut quand même un peu de force pour monter et descente tous les escaliers de la gare avec un VAE assez pesant, l’installer dans la voiture affectée à cet effet et enfin le hisser dans les crochets à vélos)
Arrivé à Colmar, la route des vins s’est déployée sous nos pneus avec une grande richesse d’itinéraires dédiés et sécurisés.
Les villages proposent tous des lieux pour garer les véhicules et les attacher en toute sécurité.
Un nombre assez important d’œnotouristes avaient également choisi ce mode de locomotion.
Une manière de voyager plus qu’écologique. C’est un mode sensible qui nous met en prise directe avec le lieu. On respire le paysage, on participe aux rumeurs du pays, on coure ou l’on s’arrête au grès de nos fantaisies : plus qu’une contrainte, le vélo c’est la liberté !
Ce fut une première pour moi de « risquer » un voyage décarbonné … et je le recommencerai.
Louer un VAE à la journée (35€ / jour) entre dans un budget normal d’un déplacement en voiture (essence, parking, péages …) et est tout à fait supportable.
Ce rythme de déplacement met le voyageur dans une disposition tout à fait différente, propre à s’ouvrir.
Notre capacité à percevoir et à échanger s’en est trouvée qu’amplifiée : nous avons eu un nombre incroyable de rencontres fortuites pour nous orienter, pour nous aider, pour échanger … toujours occasionnées par notre mobilité douce. Les déplacements en voiture ne génèrent clairement pas cette quantité et cette qualité d’« aventures ».

Il est bien plus facile désormais de voyager sans voiture. Mais toutes les destinations ne sont pas comme Strasbourg ni comme l’Alsace. Le vélo dans le train n’est pas toujours aussi aisé. SNCF Connect prétend qu’il est possible de prendre un TGV avec son vélo mais il semble que la systématisation de ce type de services n’a pas encore atteint sa plénitude.
Comment aussi trouver un véhicule dans des villages ou espaces naturels ne disposant pas de structures (privées et / institutionnelles) pour offrir le service de location. Plus que la disposition du matériel il s’agit encore d’avoir la bonne personne au bon moment pour accueillir et livrer le moyen de mobilité.
L’intermodalité, ou solution du dernier kilomètre … c’est aussi garantir au citadin de partir de chez lui à pieds et de pédaler dans les vignes. Est-ce une utopie dans un pays si riche en voies ferrées, en village de caractère, au réseau d’OT aussi dense et dont la plupart des vignobles sont traversés par le rail ?
La Bulle Verte à l’heure actuelle, travaille sur un projet de relais autonome comme un hub d’intermodalité décarbonné. Grâce à une webapp, un VAE pourra être réservé en totale autonomie du visiteur.
Ce sera un point d’entrée du territoire vers les paysages et d’autres Bulle Verte, ce sera aussi une opportunité d’étalement de la saison et une évolution vers un tourisme de 4 saisons, un pas de plus vers un tourisme réhabité, inclusif et circulaire.
* VAE : Véhicule à Assistance Electrique