Qu’est ce que le « m-terroir » ?

Le terroir est unique et non reproductible, c’est ce qui fait sa force par la typicité de ses produits mais aussi sa faiblesse par la rareté de l’offre d’où l’un des enjeux principaux de l’œnotourisme qui consiste à vendre des prestations soumises à une forte pression concurrentielle dans des conditions exclusives dont l’offre est limitée.

Cette distorsion offre / demande peut être source de contraintes organisationnelles et incompréhensions culturelles que les professionnels de l’œnotourisme se doivent d’estomper pour répondre à la croissance de cette filière.

 

Le terroir : un concept bien difficile à comprendre

 

Notre gloire nationale du vin tient son mystère à la complexité et la finesse de sa production due à la logique de terroir.

 

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Mais le concept de terroir (mot intraduisible dans aucune langue) est souvent très mal compris par les consommateurs de vin et les visiteurs.

 

On retrouve ce mot un peu partout, utilisé parce que vendeur (le terroir caisse !) mais souvent ce mot reste abstrait et confus pour beaucoup. Peu nombreux sont ceux qui (et même parfois les vignerons eux-mêmes) savent en dévoiler les secrets.

 

Ainsi les aspects agricoles et culturels de la culture de la vigne : la pédologie, l’ampélographie, l’histoire locale et le caractère humain du terroir sont souvent occultés au profit d’un discours technique simplifié sur la vinification et d’une dégustation qui, sans préliminaire, enlève beaucoup de charme : déguster c’est une expérience tant sensorielle qu’intellectuelle !

 

 

Le vin est bien plus que du jus de raisin fermenté dans une bouteille.

 

Le vin c’est toute une histoire, le terroir est sa matrice. Cette caractéristique multidimensionnelle fait son intérêt mais aussi sa difficulté. Voilà pourquoi le vin est complexe à appréhender !

Ce concept l’est encore plus pour les amateurs de vins venant de pays produisant des vins mono cépages (Australie, USA, Argentine…).

 

L’univers vin est porteur d’un imaginaire très favorable : le retour à la terre, le gentleman farmer, le vigneron artiste, les vins de prestige, Rabelais et sa Dive Bouteille, les excès de Bacchus ou la cuite de Noé accompagnent toujours l’œnocurieux … C’est sur cette vague que surfe l’œnotourisme, et c’est finalement cette dimension culturelle qui fait le positionnement de l’œnotourisme français !

 

Le paysage, point de rencontre entre le terroir et la visite touristique (sightseeing en anglais se traduit littéralement par vue + observation) constituent l’un des attraits majeurs de notre pays. Pour être encore mieux appréciés, on doit pouvoir les interpréter et lire leurs secrets dans les pentes ondoyantes ou en terrasses.

 

Avec internet les attentes du consommateur évoluent.

 

Guillaume Weill, dg de MetrixLab est catégorique le premier critère qui conditionne le succès d’une entreprise digitale est l’expérience client. 

 

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Exactement à l’image des pratiques touristiques, le marketing expérientiel se retrouve au centre de toutes les activités : il y a des convergences d’intérêts entre les utilisateurs et les entreprises.

 

Avec le développement de l’œnotourisme, le secteur du tourisme impose son environnement professionnel et ses pratiques (horizontalité, rapidité, standardisation …) au monde viticole (verticalité, temps long, unicité du produit …). Ce phénomène est d’autant plus vif, que la pratique de voyages dans les vignes s’est largement mondialisé … le vin est un modèle de vie de gens cultivés, modernes et hédonistes.

 

L’internet, qui accompagne notre vie au quotidien influe ainsi sur la manière de consommer le tourisme. Cela a un impact sur l’œnotourisme et sur la manière de percevoir un territoire !

Le terroir (dans toutes ses dimensions humaines, techniques et naturelles) est également concerné par cette évolution.

 

Le m-terroir est né

 

Le m-tourisme (ou l’e-tourism mobile) devient tous les jours une réalité encore plus tangible. Nous sommes en permanence connectés, ou nous cherchons à l’être.

La révolution Internet, associée à de nouvelles fonctionnalités multi-supports (smartphone, tablette, PC) et les objets connectés, intervient dans l’organisation et la perception de l’espace (privé et public), cette transformation de nos comportements a aussi un effet sur notre perception du terroir.

 

Considérer la gouvernance du territoire avec la logique du m-terroir c’est favoriser la visibilité et la pratique de ce dernier. C’est alors une nouvelle façon de présenter et de vivre le terroir en l’incluant dans ce vaste ensemble de fonctionnalités et d’usages qu’offre la « mobilité connectée ».

 

Interprétation de paysage
Interprétation de paysage

Le visiteur pourra plus facilement préparer son voyage en se connectant à l’aéroport de Sao Polo, en route dans le TGV Méditerranée ou à l’hôtel de la ville la plus proche.

Sur le site, lors d’une visite inopinée il pourra relire ses wine gurus préférés ou choisir un prestataire local. Il est désormais possible de contacter en direct le domaine par des messageries instantanées (Viber, Snatchap, Whatsapp…). Le visiteur peut se perdre avec sa tablette pour reconnaître les variations de sols, découvrir les orientations différentes de ses vins rêvés : le paysage s’ouvre avec la connectivité.

Enfin, sur le chemin de retour, chater, mettre des « post » sur ses émotions oenophiles, partager ses photos en situations (si cela ne l’a pas été fait déjà dans la cave même !) prolonge l’expérience du voyageur et propage le m-terroir dans la nébuleuse Internet.

 

 

TripAdvisor vient d’éditer (avril 2015) une application pour l’Apple Watch. Google At a glance, TripAdvisor Glance, et beaucoup d’autres entreprises digitales peuvent maintenant fournir des suggestions en temps réel selon les paramètres que l’utilisateur aura renseigné.

 

Il va devenir normal pour le touriste de se promener en lien permanent avec le réseau pour retoucher le programme de la journée, de vérifier un itinéraire, se renseigner sur un contenu culturel, préparer la visite d’une cave … de vivre en mode mi-improvisé (qui augmente la sensation expérientielle du « vivre fort ») mi-organisé (qui assure la sécurité et le confort indispensable au tourisme contemporain).

 

Avec le m-tourisme les avantages sont nombreux :

 

– relais les services d’information que les OT proposent : avantage dans les pays ruraux, peu fréquentés, peu équipés.

 

– temps réel : pas de file d’attente en saison pleine, de porte fermée pour cause de pause déjeuner, pas de soucis de langue…

 

– ludification des espaces ou création de magazines en lignes comme le flipboard Montpellier Now

 

-Réalité augmentée avec un design d’expérience réalisé pour proposer une nouvelle relation au produit comme chez Nicolas Feuillate qui plonge le visiteur en immersion gustative.

 

– des services à la cartes, selon les requêtes de l’utilisateur et de son paramétrage…

 

– plus de soucis de désorientation, la géolocalisation permet de situer les sites à découvrir et mieux gérer le temps (le budget temps prend une autre dimension en vacances ! )

 

Stratégie & gouvernance digitale

 

Les innovations en matière de développement des territoires viticoles passeront par ce concept de m-terroir / œnosystème : les économies les plus compétitives sont toujours celles qui s’ouvrent aux échanges commerciaux.

 

Dans le cas du vin, son histoire le confirme : les meilleurs produits étaient exportés alors que les vins ordinaires étaient consommés localement (histoire des vins de Bourgogne vendus à Paris, qui au moyen-âge n’était pas française ; histoire des vins de Bordeaux au XVIIIème siècle exportés vers Londres …). Accueillir des visiteurs étrangers c’est faire rentrer des devises, c’est alors de l’exportation. L’avantage est double : par l’entrée directe de recettes et par la promotion et le support à l’export.

 

 

D’un point de vue territorial et de principe de gouvernance, il va devenir nécessaire de se pencher sur cette problématique stratégique. Déjà de nombreuses appellations se sont équipées d’applications qui servent de guide, d’encyclopédie, d’itinéraire … Mais au-delà de l’intérêt du client, l’ensemble des professionnels vin & tourisme du territoire / terroir est concerné.

 

Contrairement à certaines craintes qui ont pu s’exprimer, de la perte de l’authenticité du terroir (avec l’essor et l’emprise d’Internet, certains pronostiquaient une perte de réalité, ou en tout cas un dévoiement dans le rapport à la réalité), Internet dans ses applications mobiles, toujours plus puissantes et pertinentes, offrent plutôt une formidable opportunité de faire vivre de manière différente (et demain, augmentée) les terroirs.

La vieille opposition virtuel/⁠réel n’a plus de raison d’être aujourd’hui. Au delà de l’impression technologique, la relation n’est plus BtoB ou BtoC, elle devient HtoH (humam to human*)

 

Installation d'un plantier dans le terroir de Côte Rôtie
Installation d’un plantier dans le terroir de Côte Rôtie

 

 

Le m-tourisme permet de transformer l’appellation en m-terroir en proposant une conception plus transversale où les préoccupations relatives au développement durable** (écologiques, sociales, économiques) se retrouvent liées à une gouvernance inter-connectées et plus collaborative, le tout dans un environnement de consommateurs Digital Natives ou Génération Y dont le modèle de vie sera totalement différent des générations précédentes.

La logique d’œnosystème se voit renforcée par une technologie de plus en plus prégnante et acceptée par la population.

 

 

 

* Joël Gayet

**  39% des cyber-voyageurs considère que les questions de développement durable les concerne (Guillaume Weill, dg de MetrixLab).

 

 

 

 

 

 

 

Œnotourisme 3.0 : l’apport du digital

Voici un bref exposé d’un concept émergent qui va orienter la gouvernance des activités œnotouristiques et pourrait bien devenir un standard marketing de cette branche du tourisme.

 

Au-delà de la trouvaille sémantique, l’œnotourisme 3.0 est une notion opérante qui projette l’intégration du marketing expérientiel sur les évolutions du couple marchés / techniques.

Aborder l’avenir en 3.0 c’est se positionner sur un monde qui est déjà globalisé, c’est être capable d’accueillir une clientèle traditionnelle et aussi séduire le vaste monde que l’on touche via Internet.

 

 

Un peu plus de précision

Ce nouvel axe de travail se base sur une approche tridimensionnelle où l’œnotourisme est pris en compte comme un métier à part entière, et pas simplement comme une extension du vin et du tourisme.

 

Cet axe s’articule

  1. sur la valorisation des Savoirs
  2. sur la compréhension de la demande et de son marché
  3. sur l’utilisation effective des techniques de communication digitale

 

 

L’œnotourisme, activité culturelle et de service, se retrouve au cœur de la problématique digitale qui se développe de façon cruciale et impressionnante dans tous les secteurs d’activité, tourisme en tête :

Les 3 catégories plébliscitées par les internautes : tourisme, services, culture
Les 3 catégories plébiscitées par les internautes : tourisme, services, culture. Source : L’écho touristique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La démarche 3.0 cherche à coller à la demande des visiteurs en proposant des services propres à exalter l’expérience et l’émotion. L’un des enjeux est l’adaptation des comportements de l’entreprise aux moyens à mettre en place pour réaliser cet objectif.

 

Le support principal reste patrimonial, ce qui constitue le cœur de l’offre (paysages, architecture, vin, services d’accompagnement, restauration … ), et qu’il importe de valoriser.

 

Les moyens sont du domaine du digital, en démultipliant le pouvoir d’attraction et de séduction et en proposant de nouveaux services. Le produit touristique commence sur son Smartphone : la part digitale donne un avant gout et prolonge l’expérience réelle, et quand c’est bien fait, elle est en soi une expérience (marketing immersif*). Voila la vraie innovation.

Les sites d'avis comme TripAdvisor influent les approches stratégiques des metteurs en marché.
Les sites d’avis comme TripAdvisor influent les approches stratégiques des metteurs en marché.

 

A priori l’œnocurieux a accès à son voyage en consultant les sites, les réseaux sociaux, les sites d’avis et les plateformes de réservation. Sur le terrain, il est informé, en temps réel, au sujet de la prestation qu’il a commandé mais aussi de tout l’environnement qui compose son voyage (grèves, bouchons, météo, orientation… ).

 

Une fois chez lui, le visiteur garde un lien avec les lieux visités grâce aux réseaux sociaux mais il peut suivre aussi l’évolution de ses commandes de vins ou peut identifier les fournisseurs dont il a visité les caves.

 

L’avantage est double, le visiteur a eu accès à une expérience globale, en partie grâce aux pratiques numériques. Il peut aussi, par viralité, faire profiter ses proches (le bouche à oreille se passe maintenant sur les réseaux sociaux), et ainsi prolonger l’activité de promotion initiée par l’entrepreneur en œnotourisme.

 

Celui-ci a les moyens d’affiner son offre et proposer des services personnalisés qui augmenteront son activité et généreront plus de satisfaction, donc plus de retour et de succès.

 

Le site de vente on-line VIATOR a complètement changé les comportements de consommation.
Le site de vente on-line VIATOR a complètement changé les comportements de consommation.

 

Exemple vécu …

En téléchargeant une application de votre œnodestination, vous obtenez une masse d’informations. Une fois arrivé sur le lieu, vous pouvez assister à une foire au vin située dans un village en rencontrant des vignerons et des producteurs du terroir. Ensuite, sur votre tablette, vous avez accès aux meilleures informations sur les terroirs et les vins, ce qui orientera plus facilement votre découverte. En navigant, vous tombez alors sur une offre ciblée vous proposant une prestation chambre d’hôtes vigneronne ou les services d’un chauffeur-guide … le numérique a une telle plasticité qu’il permet une personnalisation quasi en temps réel (très pratique lorsqu’on doit affronter une métréo changeant ou le caprice d’un client qui est pris d’une envie soudaine  de Carignan blanc …). Ainsi TripAdvisor Glance informe le visiteur en temps réel d’opportunités de découverte à proximité du lieu où il se trouve.

 

Nous y sommes déjà !

 

Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, insiste sur le poids du secteur touristique qui  « représente 40% à 45% de part de marché (de l’e-commerce), soit près de 20 milliards d’euros par an ». TripAdvisor vient de passer la barres des 150 millions d’avis.

 

Ca y est : de nombreuses régions viticoles ont leur  » appli  » qui offre une gamme incroyable de services (réservation, itinéraire, conseils, information à chaud … ).  bordeauxwinetrip ou my-loire-valley sont de beaux exemples.  Il s’agit là de posséder toute l’offre régionale dans sa poche.

 

La voie reste  encore à aménager  et à conforter pour que la cheville ouvrière de l’œnotourisme (vigneron, OT, agences réceptives … ) intègre cette dimension digitale et offre une relation expérientielle où le visiteur pourra suivre l’évolution de son vignoble préféré.

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Le digital métamorphose l’offre œnotouristique

 

L’utilisation des technologies de l’information non seulement booste l’activité de l’entreprise, mais la transforme en profondeur. Les équipes réceptives doivent désormais concevoir leur métier en fonction de cette nouvelle orientation, en intégrant la langue du client (l’anglais, langue devenue un standard, langage de l’Internet également) et les usages toujours évolutifs (cf statistiques d’usage expédia & etourisme-info) .

 

Selon moi, le fer de la lance de la communication digitale en oenotourisme  doit combiner les outils de géolocalisation, les réseaux sociaux (qui invitent à propager la renommée de la marque, et permettent un travail toujours plus personnalisé en one to one) et le e commerce.
Ce trio magique (vente on-line, site d’avis, géolocalisation) change la donne : en route vers une nouvelle organisation territoriale ou œnosystème, vendre une destination c’est vendre un bouquet de services complémentaires qui sera en partie coordonné et synchronisé à partir de winemap.
Le client peut commander une prestations depuis Brisbane en j-3 juste au moment de décoller d’Australie et suivre la prestation œnotouristique quelque part en France, le tout sans avoir vu le vendeur de billet d’avions, sans avoir parlé avec l’hôtellier et encore moins au vigneron réceptif.

 

L’objectif est de convaincre et séduire, mais aussi de renforcer la confiance et la fidélité du client. L’Internet repousse les frontières, en recevant des visiteurs étrangers, cela permet aussi d’envisager d’une autre manière les pratiques commerciales de l’exportation des vins.

Déjà les agences de voyages s’équipent de casques Oculus Rift pour permettre aux clients de visualiser les produits touristiques, le réceptif doit suivre…

 

Le secret de l’oenotourisme 3.0 réside dans cet aspect : la distance et le temps ont été abolis au profit de beaucoup d’efficacité et de facilité. Cependant cette apparente aisance ne change en rien les niveaux d’attente qualitatifs.

 

 

Le digital ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, et pour que la formule soit opérante : il faut le connecter sans cesse et de manière quasi organique à la connaissance du client et à l’expérience qu’on lui propose.
Il ne suffit pas de chausser des google glass, encore faut il avoir un paysage devant soi et un regard pour l’appréhender.

 

* Marketing immersif (wikipedia) « Le marketing immersif est l’une des disciplines apparues récemment dans le domaine du web marketing. Lemarketing immersif s’apparente au marketing expérientiel. Elle immerge les consommateurs dans l’univers de lamarque. Les techniques utilisées sont nombreuses. Elles permettent d’offrir au consommateur une expérienceunique et mémorable de telle sorte que la marque participe au mode de vie du consommateur » wikipedia + http://adventresults.com/2008/08/definition-of-immersive-marketing/)

 

Œnotourisme 3.0 : définition

L’œnotourisme 3.0 est une nouvelle conception du réceptif viticole basée sur les services, la prise en compte du plaisir et de l’expérience du client, et la rapidité d’exécution des échanges.

 

La mise en phase entre la demande et l’offre s’articule autour de la maîtrise des NTIC* et va devenir l’enjeu principal pour le succès des métiers de l’œnotourisme dans les années à venir : il s’agit d’aller voir plus loin, de rendre plus efficace encore toute la démarche, et d’ouvrir en grand les portes de l’œnotourisme à des visiteurs ingénus, curieux, décalés, connaisseurs ou pratiquants.

 

L’oenotourisme 3.0 repose sur 3 axes essentiels :

  • La valorisation des Savoirs (savoir-être, connaissance culturelle, viticole et patrimoniale).
  • La compréhension de la demande et de son marché (design d’expérience utilisateur).
  • La mise en oeuvre des techniques de communication digitales, susceptibles d’induire des changements profonds et durables dans les comportements de consommation.

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Le 3.0 complète la logique du tourisme viticole traditionnel en pilotant l’entreprise (orientations stratégiques dans une gouvernance plus horizontale, en adoptant des principes de communication plus fluides et plus visibles, et en mettant la politique d’accueil comme axe fort du développement) et en intégrant les dimensions émotionnelles que propose la technologie digitale : comment offre-t’on la meilleure pratique expérientielle globale (dès les toutes premières recherches jusqu’aux retours clients) au client ?

 

L’innovation se situe sur l’anticipation des mouvements pour être prêt à affronter la concurrence d’autres grandes destinations œnotouristiques, notamment internationales, comme Margaret River en Australie ou de Colchaca Valley au Chili.

 

Le Château La Canorgue séduit tant par les charmes de son site naturel, son architecture que la qualité des vins
Le Château La Canorgue séduit tant par les charmes de son site naturel, son architecture que la qualité des vins

Vous êtes possesseur d’un savoir incroyable ! 

L’accumulation d’expérience au fil du temps rend l’acteur œnotouristique unique et lui assigne une place de pivot dans les métiers du tourisme du vin. Détenir un savoir est la valeur la plus importante pour peu qu’il soit authentique et pertinent. La mobilisation de ce contenu tant intellectuel qu’émotionnel est une force, qu’il est essentiel de bien valoriser.

Le savoir-être prend là toute son importance, n’oublions pas que le tourisme – et même celui du vin – est du registre de l’immatériel, il s’agit essentiellement de services !

 

 

Chaque paysage, chaque domaine viticole, chaque intervenant est unique, non reproductible, par sa capacité à interpeller, à déclencher une cascade émotionnelle chez le client. Cette perception positive qu’aura le visiteur sera source de commande, de fidélisation, de recommandation, de mémorisation…

 

Dans la poursuite de cet objectif, quelques règles doivent être respectées

  • Prendre conscience de son réel potentiel (patrimoine, type de savoirs et de services, paysages.
  • Suivre les codes de politesse et les conventions formelles minimum (y compris dans la présentation, la propreté …)
  • Avoir un comportement positif, ouvert et disponible
  • Savoir parler de soi (storytelling).

 

 

L’œnocurieux décide de venir dans une appellation ou réserver les services d’un prestataire pour leurs caractéristiques propres. Il recherche la singularité, l’originalité, la personnalité, au rebours de toute l’uniformisation ambiante.

 

S’adapter (l’offre marketing) à cette demande, ce n’est pas lisser et rechercher à tout prix à rejoindre un standard, c’est mettre en exergue les éléments différentiants.

 

Remettre le client au centre du processus

Ce discours semble déjà bien compris, mais plus que jamais, celui qui reste le personnage central  de l’histoire : c’est le client !  l’enjeu essentiel de toute démarche touristique est de se « centrer utilisateur** ». Par exemple, cet enjeu est déjà totalement intégré dans les usages digitaux et les principes d’ergonomie des sites Internet, qui ont facilitent l’utilisation et l’expérience utilisateur.

 

Christian Mantéi, Directeur Général d’Atout France, le souligne dans un article récent : « on ne peut faire du bon travail sur l’offre sans connaissance du marché ».

 

Non, les touristes ne sont pas là pour profiter de la générosité de l’accueil vigneron ! La plupart des œnotouristes viennent consommer un service (pas nécessairement lié à l’achat direct cependant), leur venue signifie que le domaine a été identifié et qu’il a réussi à séduire et déjouer les obstacles causés par l’indifférence provenant de l’offre pléthorique.

Visite et dégustation au domaine de la Mordorée à Tavel
Visite et dégustation au domaine de la Mordorée à Tavel

Passer du temps à comprendre les comportements des clients est un investissement précieux. L’idée du vin peut varier considérablement selon les individus, les origines sociales et les cultures : identifier la demande est l’assurance d’apporter une bonne réponse à une question qui n’est pas souvent explicitée.

 

Nos savoir-faire et savoir-être ne sont utiles que dans la mesure où ils sont mobilisables par rapport à une demande identifiée. Nous devrions pouvoir moduler nos propos en fonction des attentes et des motivations du vacancier (qui peuvent-être très variées, comme les contraintes organisationnelles, les dimensions culturelles des visiteurs, la relation psychologique et humaine …).

 

 

Comment séduire et convaincre ? Le charme naturel des paysages, des vins et services fondamentaux proposés n’est que la promesse tenue, ce à quoi le visiteur peut prétendre.

 

Il leur faut un « plus ». L’utilisation d’outils de communication comme le storytelling mais aussi, comme le prône Eric Jaffrain***, un marketing doux et imperceptible est l’une des voies à suivre : « L’humain reste la clef de la performance de l’entreprise par sa motivation, son engagement, la qualité de son travail ».

 

L’individualisme croissant et l’égologie transforment insensiblement la nature des relations BtoC. Par son pouvoir de « droit d’avis » le visiteur / client se transforme en journaliste, en délateur (le hate content a autant d’importance que le like content dans la prise en charge de l’e-réputation) ou en flagorneur … Le client a appris à se défendre, à juste titre : les relations vendeurs / acheteurs  sont totalement à repenser… dans le sens de l’acheteur bien sur.

 

 

Nouvelles technologies : nouveaux comportements

Internet est une révolution culturelle aussi cruciale que celle de l’invention de la roue ou de l’imprimerie. Très peu d’activités sont restées insensibles aux charmes du digital, terme que je préfère à celui de numérique car en anglais il comprend la notion de contact : l’ère digitale est peut-être celle de l’immatériel, mais elle ne nie pas le contact et le lien, au contraire, elle les renouvelle en profondeur, tout comme nos façons de vendre et de communiquer.

 

Avec l’avènement du digital, qui correspond historiquement à la sortie de la consommation de masse, on fait commerce de façon plus intelligente et sensible, de « toi à moi ».

Le Mac Store d'Aix en Provence propose le free WiFi captant ainsi la masse des visiteurs
Le Mac Store d’Aix en Provence propose le free WiFi captant ainsi la masse des visiteurs

Les changements sont profonds en effet : dans les usages, les lieux, les comportements d’achat, et il est impératif de savoir les décoder pour survivre ou même prendre sa place dans la sphère œnotouristique.

 

 

De ces nouveaux outils, qu’il est nécessaire de mettre en jeu, résulte un nouveau langage mais aussi des schémas de communication : c’est toute la logique du one to one permettant des campagnes de re-marketing aux scénarios théoriquement sans limite.

 

L’œnotourisme 3.0, c’est aussi renforcer les moyens de communication pour travailler en synergie avec le commerce du vin à l’export, renforcer la présence des vignobles, des appellations, des marques au-delà de l’espace touristique en amorçant de futures touches pour les œnodestinations (vendre du vin à l’export c’est déjà entamer un processus de promotion d’un territoire).

 

Vers un Smart Œnotourisme

A l’image des villes intelligentes, la convergence d’un marché de l’œnotourisme en croissance et l’arrivée de technologies (internet des objets, développement de capacités ubiquitaires …) chaque fois plus pertinentes, l’on voit poindre une nouvelle organisation des œnodestinations en œnosystème. Selon Carlos Moreno****, les enjeux se situent sur la gouvernance et le bien-vivre. Si je transpose son propos au secteur qui nous intéresse, les problématiques et les enjeux deviennent :

 

  • Traiter les problématiques du vignoble de manière transversale
  • Penser les infrastructures en considérant la diversité qui compose le vignoble et la fragilité socio-territoriale
  • Considérer les enjeux du vignoble d’un point social, économique, culturel, écologique, résilience

 

L’inter-connexion, les comportements de plus en plus collaboratifs, l’économie du partage vont transformer les vignobles qui deviendront des lieux de vie (plus ou moins idéalisés). Ce Smart Œnotourisme apportera aux œnocurieux un sentiment plus fort d’appartenance au territoire et leur donnera l’opportunité de faire partie d’une communauté.

 

Un nouveau concept est en train de voir le jour : le m-terroir : l’usage des technologies mobiles va totalement métamorphoser l’usage des territoires viticoles pour les visiteurs (et pour les habitants), une nouvelle géographie plus facile à déchiffrer, moins hostile proposera une expérience client nouvelle, immédiate dans sa découverte mais également rémanente.

 

Ainsi ce nouveau marketing œnotouristique 3.0 permettra d’aborder plus aisément les grands enjeux de Vignobles & Découvertes qui consistent à « développer l’efficacité touristique des destinations viticoles, évoluer vers une mise en valeur des richesses et une mise en réseau des acteurs, donner plus de lisibilité au client et plus de visibilité à la destination et favoriser les synergies d’actions entre les différents acteurs ».

 

* NTIC : « Les NTIC, nouvelles technologies de l’information et de la communication, sont un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l’information, plus spécifiquement des données numérisées. La naissance des NTIC est due notamment à la Convergence de l’informatique, des Télécommunications et de l’audiovisuel ».

** Cf Espaces n°321 p 71 Karine Miron « Centré utilisateur c’est à dire sur les besoins des utilisateurs finaux actuels et potentiels ».

*** Eric Jaffrain est le promoteur du marketing non marchand

**** Carlos Moreno : Enseignant-chercheur à l’IUT de Cachan / Université Paris Sud et travaille au sein du Laboratoire d’Informatique et de Robotique