Les paysages viticoles : un capital Culturel !

Le vigneron est un artiste, et pas seulement parce qu’il produit des flacons délicieux ! C’est lui, et ses prédécesseurs, qui ont sculpté, façonné, organisé les valons reculés en vagues de végétations. Imaginez la vallée du Rhône nord sans leur patient et minutieux travail.
Le syndrome du Tour de France

Nous l’oublions souvent, mais les visiteurs, encore plus ceux qui viennent de loin, sont amoureux de nos paysages. Le Tour de France, troisième événement sportif le plus médiatisé, attire parce que la France est belle : les villages reculés, les champs de tournesols, les routes alignées de platanes tout cela alimente la machine à rêver qu’est le tourisme.

« Sightseeing » ce mot anglais qui signifie tourisme et excursion contient la définition de la motivation client : Sight se traduit par vue et Seeing par voir – tout un programme !

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Bien entendu le rapport au monde est avant tout visuel. Les paroles viennent ensuite. Dans notre cas, les œnodestinations françaises ont un très fort pouvoir de séduction. C’est tout le charme de l’agritourisme également !

Ne gâchons pas notre potentiel qualitatif en oubliant de le valoriser, sous prétexte de temps perdu. Cela est encore plus vrai depuis que le post-modernisme vit sous le joug du smartphone, qui photographie, partage et mémorise.

Les gens du pays

Les vignobles, beaux et paisibles, contiennent l’énigme des Terroirs, le secrets des gens du pays. On a vite fait le lien avec la qualité des vins … et par synesthésie les beaux paysages font saliver, ils suggèrent la qualité des crus.

Souvent, la réputation précède l’idée réelle de l’expérience. On parle d’image d’un territoire, d’une marque … Avec le digital l’image est partout maintenant. Bordeaux et Bourgogne sont devenus tellement célèbres qu’il faut presque vérifier l’aspect de leurs vignobles, cela doit expliquer les flux naturels de visiteurs, et qui ne sont pas toujours winelovers. Ils doivent « taster » à quoi ressemblent ces noms ?

Un voyage finalement, n’est franchement abouti que si l’on a pu « prendre langue » avec les autochtones, de regarder, se sourire, entendre des intonations … C’est peut être la raison du succès des marchés dit « Provençaux », du shopping ou de la visite de cave. La rencontre c’est rendre vrai le voyage !

Peu de Gall : Pied de Coq : système de drainage pour éviter l'érosion des pluies violentes

Peu de Gall = Pied de Coq : système de drainage pour éviter l’érosion causées par les pluies violentes

Mais les visiteurs œnophiles sont citadins, le vide des campagnes les effraie. Cette appréhension légitime ne peut être calmée que par les rencontres. Parler et faire ensemble est le meilleur antidote contre l’ennui. La découverte des vignobles reste l’argument principal qui permet de transgresser cette peur initiale dans les espaces reculés. Un peu comme le pharmacon des Grecs anciens, le tourisme du vin attire et inquiète.

Alors, déguster devient le prétexte pour toucher les gens du pays ! Mais la magie du vin est telle que très vite, du consommateur au producteur la relation devient amicale, de moi à toi. C’est là aussi que le vin est bon ! Et l’on s’en va satisfait d’une dégustation qui ne laisse pas que le goût du vin, mais le souvenir d’un sourire, d’une expression ou d’un accent.

Les paysages ? Mais c’est un livre d’histoire !

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L’interprétation des paysages constitue le secret d’une mise en scène réussie. Cela aide à capter l’atmosphère : le visiteur est en quête d’intime. Pour lui tous les monts se ressemblent, les vallées sont anonymes, le temps est invisible, il n’en voit pas les traces.

Depuis peu, les prestataires touristiques ne cessent d’utiliser le mot « expérience« , comme s’il suffisait de le dire pour que la consommation de la prestation en soit une ! Cette expérience n’en devient une que si les conditions pour déclencher une émotion sont réunies !

L’impact sensitif des harmonies de formes et de couleurs, primaire et intime peut s’amplifier grâce aux échanges. L’intervention d’un intermédiaire est souvent indispensable. Comme je l’ai souvent dit, le vin est du domaine de l’humain, de la rencontre, de l’échange !

Le médiateur (vigneron, guide œnotouristique, passant, habitant, paysan, le digital …) est là pour aider le regard à décrypter (les masses et les textures, les formes et les reliefs, les nuances et les détails). Un fin connaisseur du pays (les Guides de Pays par exemple) peut expliquer en quoi un axe routier fut choisi à un autre, pourquoi telle essence d’arbre fut plantée, pourquoi une agriculture a remplacé une autre ?

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Cette vie humaine a laissé des traces … et nous aimons tous à jouer aux enquêteurs, mi-ethnologue mi-géographe sur les pas des ancêtres.

Découvrir les dessous du Terroir

Le visiteur moderne désire … Il aspire à l’insolite, l’unique, l’authentique. Et même s’il sait qu’il se raconte une histoire, conscient que d’autres feront la même chose … Qu’au moins sa propre pratique du lieu soit exceptionnelle … Parce qu’il le vaut bien !

Les prestataires œnotouristiques doivent donner au voyageur les moyens de satisfaire sa curiosité. Le visiteur repartira avec une idée du pays, celle qu’il se sera construite. Il aura participé, grâce à l’intervention de l’hôte, à (re) écrire l’histoire du lieu. Une de plus ! Mais c’est la sienne, celle qui compte.

Et le vin dans tous ça ? … Il devient la mémoire liquide, le témoin de son passage, la prolongation d’une émotion qui a été un voyage. Et le storytelling qu’on a donné à entendre au visiteur, en deviendra un nouveau, celui qu’il s’est approprié, où il peindra ses valons, ses rangées de ceps, ses cailloux et ses argiles …

Comment valoriser ce qui nous entoure, donc ?

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  1. Tout d’abord, prendre son temps ! Les vignes mettent des décennies à croître, un grand vin parfois demande des heures à s’exprimer : vitesse et œnotourisme ne sont pas synonymes.
  2. Etre prêt à tout moment de recevoir quelqu’un : avoir imaginé une mise en scène (itinéraire, histoire, point de vue …) est la deuxième tâche à entreprendre.
  3. Enfin, être humain : cette forme de professionnalisme qui écoute, échange, partage et s’intéresse.

L’exemple de l’association Haie Vive Alsace qui cherche à replanter les haies, à rétablir les paysages d’avant le remembrement, son savoir-expliquer peut aider à visualiser les champs du possible pour les prestataires œnotouristiques sensibles aux paysages.

Avec tout ce qu’il a vu, senti, entendu, touché, goûté notre voyageur appartient maintenant au pays … Il part enchanté, comme par magie, grace au beau et au vrai.
Il est transformé, et se proclame dès lors nouveau membre du terroir : un ambassadeur ! Et c’est si vrai qu’il en a le goût qui lui vient à la bouche quand il y pense.

Le Branding : 5 points pour améliorer votre marque œnotouristique

Au temps du Web Social, communiquer est plus qu’auparavant devenu un synonyme de vendre. Un vigneron, tout comme un établissement touristique, disposent d’une marque. En développant une activité œnotouristique, les acteurs du marché doivent mettre en valeur cette marque.

Voici quelques infos sur le « branding », un mot pour décrire la gestion des marques commerciales.

Fieke Flier en charge du Marketing Digital à I'm sterdam - VEM8
Fieke Flier en charge du Marketing Digital pour l’OT d’Amsterdam – photo prise lors du VEM8
Vendre du tourisme c’est faire une promesse

Le vin contient une promesse, la bouteille recèle un secret. Les destinations touristiques sont pleines de rêves et d’imaginaire. Les acteurs de l’œnotourisme, encore plus depuis la digitalisation de l’économie, sont en concurrence avec d’autres destinations (œnotouristiques ou non).

La marque existe pour rassurer le client et affirmer les valeurs du château ou de la chambre d’hôte.

 

Le branding permet le bon succès d’une entreprise ou d’un territoire. Les œno-destinations et les prestataires œnotouristiques en travaillant sur ce sujet pourront consolider leur identité et se différencier des offres adverses.

1 Le branding – pour quoi faire ?
  • Faciliter les échanges : cela rend les achats plus faciles pour des clients, en les rassurant et prouvant l’origine ou la qualité du produit/service par exemple.

 

  • Permet l’identification : séduit le consommateur par la promesse que contient le produit/service comme le mode de vie suggéré.

 

  • Donner l’opportunité de s’exprimer au consommateur en découvrant le produit/service et en partageant des valeurs communes : le luxe, le collaboratif, le bio …

 

Ainsi avec le branding on peut renforcer la crédibilité de la proposition commerciale, engager vers une dimension émotionnelle, motiver le client : on le fidélise donc !

 

2 Comment définir ses valeurs ?

La marque de l’entreprise contient une identité et une image de marque. Celles-ci sont issues de ce qu’est réellement l’entreprise.

Ces valeurs doivent être finement analysées, intégrées, synthétisées pour pouvoir être partagées. Ce sera là un support nécessaire à la mise en place du storytelling, indispensable média pour toucher le cœur du visiteur.

Le territoire, la géographie donnent la trame mais la qualité  des services / produits et la communication participent aussi à cette chaîne de valeurs véhiculées par la marque.

 

3 Quels types de valeurs ?

Deux grandes familles de valeurs se distinguent :

 

  • Une logique d’usage

Ces valeurs donnent une solution aux problèmes pratiques de l’acte de consommation. Cela répond à la question : Comment le client se procure les produits/prestations, où et à quelle vitesse ?  Mais aussi englobe à la sécurité (la garantie, sincérité …) et la ré-assurance, dans cette notion on trouve également « les bons plans » …

 

  • Une logique de vie

Le client ne consomme pas toujours par nécessité ou intérêt direct mais plutôt pour une justification existentielle. Ces valeurs créatives et morales doivent ouvrir au rêve, à l’évasion que le produit / service procure.

La transformation qui s’opère en lui … la réalisation de soi qui résulte de la consommation de la prestation œnotouristique, de l’esthétique et l’émotion qui s’y rattachent.

 

Par exemple, lorsque de Amélie et Frédéric décident de découvrir le vignoble de Côte d’Or, ils ont fait le choix de suivre l’application « balade en Bourgogne » qui leurs donne la possibilité de suivre un itinéraire personnalislable à l’envi.

Cela leur donne la sécurité de l’itinéraire et les rassure sur la qualité de l’information proposée : nous sommes dans la logique pratique liée aux usages.

Mais grâce aux rencontres qui vont se produire au hasard de leur itinérance, des expériences olfactives et gustatives, nous sommes dans la dimension hédonique et existentielle de la logique de vie 

 

4 L’identité de la marque

L’identité de la marque permet de se différencier de la concurrence et de répondre aux attentes des clients. C’est à dire la manière dont l’entreprise désire être perçue. Cela inclus le nom, le positionnement, la culture, l’histoire, la charte graphique, le prix, la distribution … et le comportement de l’équipe d’accueil (le savoir-être qui transforme la relation client)

 

Cela permet d’orienter les choix de l’entreprise en toute cohérence dans un monde toujours plus concurrentiel où l’ennemi n°1 est … l’indifférence !

 

5 La stratégie à moyen & long terme de la marque

L’idée est de faire évoluer l’image de marque, sa symbolique, la notoriété des produits/prestations et les expériences relatives à l’offre vers des objectifs définis (augmentation de CA, des volumes de visite, de la réputation …).

Les moyens que l’on peut utiliser concernent package & packaging , la communication, la distribution et la politique de prix … et l’accueil.

 

L’œnotourisme entre dans la stratégie quotidienne en laissant la possibilité aux visiteurs de vivre une expérience forte, en s’appropriant les valeurs et en s’y identifiant.
Le consom’acteur va s’emparer de celles-ci et s’engagera d’autant plus que l’offre invite à l’immersion : l’entrepreneur œnotourisque doit mettre en place une stratégie qui invite la communauté/client a créer des liens interactifs fondés sur la promesse initiale
Grâce à la force du digital, il devient facile de les partager. Même s’il ne s’agit pas ici de l’unique manière d’atteindre les objectifs fixés, la stratégie d’accueil est un levier super puissant et effectif.

 

Mais je garde le mot de la fin avec une citation d’Aurélien Bellanger qui sur France Culture fait de la poésie sur ce thème : « Le choix de la marque est un choix raffiné … »

Les 7 axes marketing en œnotourisme en 2017

L’œnotourisme devient un secteur d’activité de plus en plus concurrentiel. Des On-Line Travel Agencies (OTA) et des sites d’avis orientent fortement les choix des visiteurs. Les Réseaux sociaux et les nombreuses applications naissantes obligent les prestataires à se professionnaliser. L’accueil œnotouristique est une affaire de stratégie !

Voici les 7 grandes tendances qui selon moi sont à intégrer dans vos choix stratégiques.

 

1 La customisation ou personnalisation de l’offre

Des prestations qui collent au rêve du consommateur : cette évolution a été initiée dans le segment des prestations haut de gamme pour se populariser aujourd’hui.

 

Celle-ci a été amplifiée par la fluidité d’information qu’apportent les réseaux sociaux ainsi que la sollicitation des sites d’avis et de ranking.

 

Le touriste est mort, vive l’individu : nous sommes arrivé dans l’ère du marketing de l’expérience et du marketing holistique (qui prend en compte toutes les dimensions de l’individu).

 

Combinaison de Wine + Wonderlust : envie de voyager ou soif d'aventure
Combinaison de Wine + Wonderlust : envie de voyager ou soif d’aventure

2 La transparence

La révolution digitale, l’éducation des consommateurs aux grands concepts du marketing, l’influence post-moderne de la Y génération … tous ces éléments obligent les metteurs en marché à proposer une prestation rigoureusement similaire à l’offre.

 

L’hyper concurrence & l’hyper connectivité laissent la liberté au consommateur d’élire les offres qu’il considérera les plus lisibles et les plus fiables.

 

L’outil internet permet d’idéaliser la prestation (de la part des clients comme des prestataires) mais doit strictement refléter la réalité au risque de subir les effets négatifs de contre publicités : il faut être transparent !

 

 

3 Le bien-être

La qualité de vie (environnement, Culture, relations humaines), la prise en compte de l’hygiène de vie (le développement des produits bio), la réalisation de soi (évolution post-moderne….) sont les indices qui signifient l’importance de la prise en compte des 4 états de la personne (le physique, le psychologique, le social, le spirituel : holistique).

 

Nombreux sont les voyageurs qui reviennent vers une destination, et cette fois-ci la découverte n’est pas la motivation principale. La réalisation de soi constitue l’une des clés d’entrée de l’appréciation d’une activité …

 

La prise en compte de ce principe associé à celui de confort (de plus en plus important avec nos sociétés vieillissantes) participe au succès des entreprises œnotouristiques.

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4 le digital

L’industrie touristique a vu ses habitudes marketing complètement métamorphosée par l’arrivée de l’économie digitale. A tel point que l’on en est à parler de m-tourisme (mobile tourisme). L’usage des appareils mobiles (Smartphone & tablettes) plus encore que le bon vieux PC transforme les pratiques consommateurs : résa last minute, labilité de la demande, client multi-profil …

 

Les marketeurs du tourisme parlent d’agilité pour pointer la capacité d’adaptation et de requalification de stratégie en réponse à la mouvance du marché (concurrence, clientèles, évolutions technologiques … )

 

Rapporté à l’œnotourisme, les professionnels auront à penser le couple vin/tourisme autrement pour s’orienter m-terroir (mobile-terroir) en croisant une qualification plus fine de la demande avec le tandem technologie/patrimoine pour rester visible et correspondre aux générations Digital Native qui suivent …

 

 

5 l’immédiateté

C’est le revers de la médaille, le temps. Il se raccourcit incroyablement. Cela oblige les metteurs en marché (hôtellerie, transport, agences de voyages …) à trouver des solutions en terme de flexibilité et rapidité de réaction.

 

Conséquences de l’hyper concurrence et du digital : le tout, tout de suite va être un des critères du choix consommateur. Un prestataire qui ne sera pas capable de répondre dans l’heure sera considéré comme non professionnel donc peu attractif.

 

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6 Etre spécialiste de son œno-destination

La multiplication des offres implique une augmentation de la concurrence. Celle-ci s’observe entre différentes oeno-destinations ou entre prestataires d’un même territoire.

 

Les visiteurs se spécialisent : certains sont experts en voyages, d’autres en matière viticole, parfois les deux ensemble !

 

L’un des critères qui va déclencher l’envie d’achat ne réside plus dans le « quoi ? » (ou le où en terme de destination ?) mais surtout dans le « comment ? » (qui suppose avec qui, à quel rythme, quel bénéfice en retirer ?).

 

Cette notion de texture relationnelle mise en perspective avec l’authenticité du discours va définir le niveau d’expertise et de qualité du réceptif en œnotourisme.

 

 

7 Storytelling

On aime tous les histoires … et depuis que l’on est tout petit ! Le « il était une fois … » est beaucoup plus séduisant qu’une liste d’événements ou d’actions vécues par le vigneron.

 

Le storytelling parle au cœur, c’est un « Conte de Faits », c’est le voyage par l’esprit pour des voyageurs bien présents … ça se mémorise et se raconte, ça participe au bouche à oreille digitalisé, ça se facebook et ça se like …

Et en quoi puis je vous aider ?

La formation est un fantastique levier de performance : performance en terme de choix marketing (image, message, cible client), performance en web-marketing (stratégies digitales et expérience client), performance à l’accueil (développement du chiffre d’affaire, fidélisation).

 

Travailler à l’amélioration de l’accueil peut se penser à l’échelon du territoire, de l’entreprise réceptive, de l’équipe en charge de l’accueil mais surtout auprès des individus. Le futur se construit au quotidien : Conseil Œnotourisme intervient pour des actions formation adaptée à chaque problématique.

Œnotourisme & Digital : les enjeux 2017 !

La révolution digitale bouleverse complètement nos modes de vie : du quotidien le plus pragmatique aux stratégies des grandes marques.

Au-delà de la pensée marketing, cela affecte aussi l’humain dans sa manière d’aborder le monde, avec des sauts générationnels de plus en plus marqués. 
Ce bouleversement concerne tous les métiers du tourisme : les notions de temps et d’espace s’en trouvent transformées, le monde du vin est lui aussi impacté, plus particulièrement dans sa dimension communication / vente … l’œnotourisme l’est aussi !

Que l’on soit vigneron, une chambre d’hôte ou un agent VTC*, omettre de penser le digital peut s’avérer être une erreur stratégique rédhibitoire. Les activités de service sont plus directement touchées par cette mutation qui amplifie la concurrence mais qui augmente également la visibilité.

Vers la standardisation

S’ouvrir à l’accueil œnotouristique suppose de répondre à la demande. Pour le monde viticole habitué à fonctionner sur un marketing de l’offre il s’agit d’une profonde remise en question. Le vigneron devient prestataire et doit suivre les logiques d’un marché exigeant, versatile et impatient.

Le digital positionne les œnodestinations sur un même plan : vu du Japon ou du Brésil, quelle est la différence à prix égal entre une offre packagée de la Vallée de la Loire, de la Ribera del Duero ou du Piémont ? L’industrie touristique a besoin de simplification, de standardisation … le digital ne fait qu’amplifier le phénomène.

Cependant, au yeux des connaisseurs, ces œnodestinations n’ont que peu de points de comparaison, l’aspect Culturel du vin permet de différencier les offres et d’affirmer les particularités régionales en mettant l’accent sur l’identité des territoires / terroirs.

Savoir se raconter : faire vibrer votre marque

Le storytelling, outil essentiel pour faire rêver et aider à retenir la marque, se digitalise aisément. Dans ce cas la communication numérique étend le pouvoir de séduction, d’attraction, de mémorisation lors des trois étapes de la consommation digitale : avant, pendant, après.

Maîtriser le storytelling c’est « penser client » en lui proposant une expérience. Les bénéfices subjectifs de cette technique retomberont positivement sur l’offre service/produit. La compréhension émotionnelle démarre loin en amont de la réalisation de la prestation. L’usage désormais dominant de la tablette et du Smartphone impose de repenser l’offre numérique en pensant un webdesign adaptatif (responsive design, cacher ou réduire le contenu, redimensionner les images…) mais aussi en adaptant les bonnes pratiques numériques  (comment répondre aux commentaires, rythme des parutions …)

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L’empathie** : une valeur relation client qui monte

En matière  œnotouristique,  le digital n’est rien d’autre qu’un moyen de rapprocher deux personnes. Derrière les écrans et les Big Data se trouvent toujours un prestataire & un visiteur. La facilité d’usage, le bénéfice des solutions apportées, la pertinence et la réactivité dans les réponses, la possibilité de vivre sur différents modes (réalité virtuelle & augmentée) avant, pendant ou après le voyage atteste de la réalité émotionnelle de la demande : l’empathie est le levier du marketing expérentiel.

L’hyper offre, les exagérations du marketing, le harcèlement des sollicitations commerciales … tout cela invite à penser l’humain dans sa totalité. Le client est aussi un être sensible, réflexif et non rationnel qui demande à être pris par la main !

L’Accueil qui reste le mot clé de l’œnotourisme (les bonnes pratiques) doit se faire ressentir dans la communication digitale. Il doit se faire en étant bienveillant, en rassurant (au travers notamment des techniques de réassurance marketing) et en offrant des possibilités de personnalisation du service.

Un accueil digital (au domaine, à l’hôtel, à l’OT…)

Comme la communication non verbale, l’usage digital du client centré sur votre marque doit faire ressentir les grands axes de positionnement de celle-ci. On parle de parcours digital du client et son expérience utilisateur devient multi-canal.

L’expérience digitale en matière d’œnotourisme, qui suggère généralement plaisir, évasion, rencontre doit correspondre à la réalité de l’offre vécue.

Ainsi le prestataire peut l’inviter à choisir des applications qui faciliteront la découverte, l’orienter vers une plateforme de réservation partenaire ou une OTA***, utiliser la messagerie mobile pour le suivre en j-1…

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L’enjeu du Wifi : des liens pour créer du lien

Il va devenir incompréhensible de la part des visiteurs et totalement incohérent  en matière économique de se priver de ce bouche à oreille fabuleux que permettent FaceBook, Instagram, Twitter, Whatsapp, Snapchat, YouTube …

Le digital change les Hommes … les habitudes et les besoins évoluent avec la technologique. Nous ne sommes plus jamais seuls, le quotidien se partage dans l’instant, à fortiori lors des moments forts de la vie (dont le voyage).

Ne pas avoir le Wifi à l’accueil (restaurant, domaine viticole, OT, hébergment …) en 2017 c’est comme lorsqu’on ne disposait d’email dans les années 2000 … cela « ringardise » à coup sur. Rappelons que la cible reste une clientèle plutôt aisée, urbaine et connectée et de plus en plus internationale.

L’image France, positive, doit rester présente dans toutes les zones régionales et des appellations rurales même parfois un peu reculées.

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Une nécessité : la structuration ou le savoir-faire collectif

Une nuée d’applications liées au vin, au tourisme ou à l’œnotourisme apparaissent. Elles partagent toutes le même objectif : faciliter la vie du visiteur, soit en identifiant un bon prestataire (Géovina), en obtenant des informations sur un vin (TWIL, Vivino, WineSearcher), en identifiant des oenodestinations (woowine), en ayant une expérience virtuelle de « géocommunication » (mappavini), en se faisant livrer des bouteilles (BottleTrip), en recherchant des avis (WineAdvisor), soit en achetant en ligne (les Grappes).

A l’usage, certaines applications finiront par rayonner et concentrer les usagers sur de nouveaux codes et pratiques … nous sommes encore dans l’ère foisonnante des débuts.

Parallèlement l’offre locale doit également se structurer selon les axes géographiques cohérents  de mobilité, relatifs à la combinaison timing/déplacement/intérêt.

L’enjeu principal réside dans la capacité à s’organiser localement pour mettre en place une offre adéquate par cible client. J’appelle cela créer un œnosystème ! Travailler de concert entre vignerons et réceptifs pour fluidifier les flux touristiques et rendre plus lisibles les offres de destination constitue l’objectif structurant d’un métier toujours en recherche de vitesse de croisière et qui tarde à prendre en compte les évolutions des autres oenodestinations Européennes et mondiales.

2017 : au travail 

Le travail de mise au numérique est une  tache exigeante à réaliser, un vaste projet collectif qui embrasse l’ensemble du territoire national. Les villes montrent la direction, et le Grand Paris avec son programme Smart City ne fait qu’anticiper un futur assez proche.

L’œnotourisme est une activité qui regarde les paysages ruraux. Opportunité pour dynamiser un territoire, la ruralité risque d’être handicapée par son « éloignement ». Cependant l’évolution d’une demande gourmande de services œnotouristiques  et la nécessité de développer une économie durable constituent de réelles opportunités dès 2017 pour s’ancrer volontairement dans la digitalisation de l’accueil viticole.

Par ailleurs la concurrence internationale va nous obliger, si l’on désire rester aux premières places en matière de destination et d’œnodestination, d’intégrer de façon gobale le digital dans les offres produit/service.

Les enjeux dépassent la vision économique d’une saison réussie mais concerne autant le commerce international du vin que la valorisation de la notoriété de zone touristiques.
De quoi travailler en somme !

*VTC : Voiture de Transport avec Chauffeur

** Empathie : est une notion désignant la compréhension des sentiments et des émotions d’un autre individu, voire, dans un sens plus général, de ses états non-émotionnels, comme ses croyances.

***OTA : Online Travel Agency

Œnotourisme & stratégie digitale

Le mot tourisme vient de l’expression anglaise « grand tour of Europe », pratique élitiste au 18ème siècle qui avait, en autre, pour vocation d’apporter la dernière touche à l’éducation des rejetons des grandes familles.

L’innovation, au 19ème siècle, prend le nom de Thomas Cook, créateur de la toute première agence de voyages de l’histoire. Les noms des hôtels (le Carlton, le Bristol) ou de site (la Promenade des Anglais à Nice) témoignent des prémices de cette nouvelle pratique.
Les révolution des transports
La technologie a toujours été facteur de mutation de l’industrie touristique. Trois grandes étapes ont métamorphosé le marché du tourisme, en donnant plus de facilité de déplacement et pour des coûts plus abordables.

 

La notion de tourisme de masse prend naissance grâce aux chemins de fer et les premières stations touristiques voient le jour dans cette période de la deuxième moitié du 19ème siècle.

 

Au sortir de la seconde guerre mondiale, on retrouve le même phénomène avec la démocratisation de la voiture. Le guide Michelin créé en 1900, suivant cette dynamique, développera ses tirages aux célèbres étoiles : logiquement, la plupart des grands établissements gastronomiques s’installeront le long de l’axe N6 et N7.

 

Parallèlement, l’aviation commerciale se développe de façon importante dès les années 1960 avec l’apparition des moteurs à réaction puis des gros porteurs long courriers. Parti d’une activité sélective des nobles Anglais, le tourisme devient une activité populaire complètement démocratisée.

 

Un visiteur face aux écrans géant de l'OT d'Aix en Provence
Un visiteur face aux écrans interactifs géants de l’OT d’Aix en Provence

Et Dieu créa Internet…

La notion de raccourcissement du temps et donc des distances, caractérise les grandes mutations du tourisme.

L’Internet rapproche encore plus, il abolit le temps grâce à l’efficacité et la réactivité des systèmes (notamment de réservation) et surtout rend obsolète tous les intermédiaires spécialisés : le fournisseur peut rentrer dorénavant directement en contact avec le consommateur.

 

Les grands opérateurs traditionnels (air, fer, mer, hébergement) ont remis en question leurs activités en repensant complètement leurs stratégies marketing, mettant en avant des politiques d’offres promotionnelles, de Yield Management*. Les principes du Low Cost se développent.

 

Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de la relation personnalisée :

  • 91% des voyageurs qui achètent un voyage en agence font une recherche Internet avant
  • 85% des achats se font après une recherche Internet
  • 64% des internautes suivent les suggestions des sites d’avis**

 

Les réseaux sociaux et les sites d’avis sont le prolongement naturel de l’expansion de l’Internet. Cette nouvelle dimension de la communication bouleverse totalement la relation que l’on a au monde, en particulier en matière commerciale / promotionnelle.

 

L’Homo Digitalus 

Un nouveau concept est né : l’e-réputation ! Votre pratique de l’Internet (post sur Facebook, commentaires sur les forum, messages Tweeter, photos sur Instagram, TripAdvisor …) génère une identité numérique (traces que nous laissons ou que quelqu’un laisse sur nous). Le contrôle et la gestion de cette image devient nécessaire si l’on désire survivre ou même prendre sa place dans le monde digital !

 

La connaissance client s’impose de plus en plus. Non seulement, il faut prendre en compte son environnement socio-culturel mais aussi ses pratiques sur l’Internet. Ainsi, dans l’e business, le cycle de l’e-touriste est devenu central : une réservation induit un retour d’expérience, ce qui permet au prestataire d’améliorer ses services induisant plus de satisfaction client, donc plus de retours d’expériences ainsi plus de réservations.

 

Une e-culture devient alors nécessaire pour développer son entreprise touristique. Sur le segment du tourisme, le géant Google est moins utilisé, par son manque de pertinence avec sa masse d’information non classée : 42% des e-touristes choisissent d’autres voies plus spécialisées ou plus communautaires comme Facebook, TripAdvisor …

 

La Géolocalisation

La communication par l’image, avec la suprématie de YouTube et ses 25 millions de visiteurs / mois en France (mais aussi les images sur FB, Flicker, Pinterest …) tend à devenir hégémonique. Montrer devient la meilleure manière de séduire et de convaincre. Une nouvelle technique de communication s’impose progressivement : la Géolocalisation. C’est une arme puissante (Google+Local, Foursquare, GEO3000, Bing Map …) qui permet, d’être visible et, croisée avec d’autres techniques de communication comme le storytelling, de mettre en scène un territoire, une appellation en combinant émotion et information : le Mind Maping émotionnel.

 

De nouveaux métiers naissent et des spécialistes des NTIC – nouvelles technologies de l’information et de la communication d’une part et du web marketing d’autre part, renforcent les équipes des entreprises du voyage, pour qui le tourisme est communication : la compétitivité dans ce secteur implique la pleine assimilation et la  mise en oeuvre de techniques et d’usages liés à l’Internet.

L'application Pays de Thau
L’application Pays de Thau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et le monde du vin dans tout ça ?

Le monde du vin a bien compris les avantages de l’Internet. Relativement bien équipés grâce à leur site web, les vignerons gagnent une visibilité sur l’ensemble de la planète, ils utilisent les outils de ventes on-line, le marché du vin est bouleversé par les sites de vente e commerce qui affichent un taux de croissance de 32% en 2014 et occupant 10% de la vente au détail en France. S’inscrivant dans cette logique les Vignerons Indépendant de France sont en train de mettre en place un site de vin en ligne qu’ils lanceront en janvier 2015.

 

L’émotionnel sur un écran

L’œnotourisme se développe parallèlement a l’émergence des technologies de l’information. Pour le vigneron, désireux de s’engager dans les activités de l’accueil, il sera nécessaire de prendre en compte une révolution qui a déjà bien pris ses marques.

 

Mais ces adaptations seront à faire à l’aune de la culture du tourisme viticole mondialisée : de Taïwan on pourra télécharger une application pour venir découvrir un terroir, obtenir les informations patrimoniales et des notes de dégustations sur les vins. Et cela à partir d’un Smartphone ou d’une tablette, en attendant la prochaine rame de métro.

 

L’intégration d’une équipe au moins anglophone, la mise à disposition de l’accès wifi et la réactivité en back-office sont des exemples d’adaptation qui semblent incontournables.

 

Les enjeux sont considérables car, outre la formidable opportunité de booster les « ventes au caveau », cela stimule incroyablement l’image du produit, de la destination, de l’appellation, de la marque ; et offrant l’avant gout d’une expérience, qui pourra un jour se réaliser, permettre au consommateur de prendre l’habit de l’ambassadeur de l’œnodestination.

 

* Ensemble de techniques au service d’un principe : la gestion des capacités en vue de la maximisation des revenus d’une entreprise de services : Daudel et Vialle 1989. (ex :  vente de dernière minute)

** vinivi-baromètre interactif de Guy Raffour 2012