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La gamification de l’œnotourisme

L’accueil au domaine est un formidable levier économique, outre le chiffre d’affaire généré directement, faire de l’œnotourisme permet d’affirmer les valeurs de la marque (territoriale, prestataire ou viticole), d’enrichir le fichier en recrutant de nouveaux contacts et de toucher des clients différents.

 

Avec la gamification on accède à de nouveaux publics

 

Déjà pratiquée par le tourisme en général (bel exemple avec la Catalogne), le monde de l’œnotourisme se penche sur la question. Inter Rhône, dès 2012, a été la première inter-profession a mettre en place un e-learning sous forme de serious game. Emmanuelle Voinier, responsable œno-com chez Inter Rhône précise que cela donne de très bons résultats en particulier vers des publics éloigné comme les Chinois et les Japonnais.

 

Dirigé par une voix suave de l’hôtesse digitale et par un acteur qui interpelle le joueur, le jeu permet autant l’apprentissage du vin que la découverte touristique des sites et du patrimoine. L’interaction incite à poursuivre le voyage digital et sûrement suscite la curiosité pour venir fouler les vignobles rhodaniens.

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Les activités touristiques sont fortement impactées par la tendance mobile first« En 2016, 1 français sur 3 a déjà acheté du vin sur internet dont 47% pour les 26 – 35 ans ».

 

Les recommandations provenant des réseaux sociaux prennent de plus en plus d’importance en matière de choix de destinations mais aussi de vin. Marquer les esprits en proposant un serious game ou une chasse au trésor donne toutes les chances d’activer les éléments favorisant la viralité.

 

Par le jeu, les prestataires séduirons plus facilement les générations X & Y (digial native) en mettant l’aspect informel du vin sur le devant.

 

C’est aussi un levier d’attraction pour le tourisme d’affaire, incentive et team building, pour son côté social gaming : résoudre une énigme ensemble, où chacun peut mettre son propre talent (Culture, fun, sport…) au service du groupe devient un argument de vente.

 

L’escape game (par exemple la Chapelle Oubliée de la Forteresse Royale de Chinon) est l’une des tendances fortes de ce type de socialisation ludique : le digital peu s’envisager avec cette variante de pratique d’accueil. En Californie le Château Saint Jean propose une version de jeu d’évasion où chaque bonne réponse donne droit à la dégustation d’un verre : la technologie laisse place à l’imagination !

 

C’est enfin une façon de toucher les familles où les petits enfants amènent les grands parents jouer à une chasse au trésor comme le signale Madame Cambon du domaine de Cinquau dans l’appellation du Jurançon.

 

Dans les Côtes du Couchois entre la Côte de Beaune et le Côte Chalonnaise, le Château de Couches, autour de ses 4ha de vignes, propose une gamme de services avec des chambres d’hôtes, de la restauration, des prestations de séminaire et des animations œnotouristiques dont un jeu de piste et l‘œnocaching.

 

Œnocaching par Atelier Nature

Selon Stéphanie Merle, responsable de l’accueil, ces prestations ne font pas concurrence aux autres services, « c’est un excellent complément, qui ajoute de la valeur et fidélise les visiteurs : ce qui permet 1 de vendre du vin 2 de vendre les prestations de service 3 d’améliorer la notoriété.

 

Qu’est-ce que la gamification ?

La Gamification c’est mettre des éléments de concept du jeu dans une situation qui n’est pas ludique.

Cela fait appel au principe

  1. de l’enjeu : le challenge versus la compétence
  2. d’un système d’évaluation et de feedback
  3. d’un système de récompense interne et externe – interne : plaisir résultant de la maîtrise du défi, engagement …/externe : points, récompenses, punitions…

Le visiteur participe et s’implique, on parle alors de réel engagement par l’immersion, ce qui va générer une totale appropriation de la marque et la mémorisation provoquée par l’expérience du client (x-client).

 

Charles Dumoulin co-fondateur d’Atelier Nature parle de la mécanique du jeu qui ramène le visiteur dans le réel : la star c’est le joueur, « nous écrivons un scénario, le visiteur doit relever des défis : plus qu’acteur … il est le héro » ! Par exemple Bacchus descend sur Terre pour trouver une solution aux mystérieux problèmes rencontrés aux Hameau Duboeuf !

 

Du jeu d’aventure à la chasse au trésor, la complexité du programme dépend du budget qui va déterminer de la complexité du scénario, de la longueur du jeu, de la qualité graphique. De la quasi fonction audioguide sur smartphone ou tablette à un projet beaucoup plus ambitieux qui devient un élément d’attractivité en soi dans l’offre globale du prestataire, les tarifs peuvent varier de 8-10000€ ht à 30-50000 € ht. Les temps de réalisation sont proportionnels et oscillent de un mois à plus de six pour un grand projet d’aventure de 2h.

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Comment utilisent-on ces jeux lors de la visite ?

Utilisé parfois pour faire patienter le client, afin de laisser passer « un coup de feu » à l’accueil, les jeux sont une autre manière de pratiquer l’œnotourisme.

 

L’itinéraire de la chasse au trésor conduit les petits groupes de 2 à 6 de la vigne à la cave. Cela permet de comprendre les particularités du terroir, du travail du vigneron…d’interpréter le paysage mais aussi d’obtenir des clés de lecture du patrimoine bâti, un éclairage historique et cela sous forme d’images fixes, de sons et de vidéos.

Selon les cas, la prestation peut être offerte, incluse dans le prix global d’achat de la prestation ou vendue à un prix par personne 5€/adulte & 3€/ enfant soit un budget de 16€ pour les grands parents qui se promènent avec 2 enfants au domaine de Cinquau.

 

Les tarifs peuvent monter à 15€ à 20€/pax à condition que l’expérience client mène à une réelle immersion (accès à des souterrains, lieux non accessibles normalement …) selon Charles Dumoulin créateur d’œnocaching

 

Quels sont les avantages de la gamification ?

L’aspect ludique du jeu transforme l’offre : cela devient une activité expérentielle par définition.

 

Le serious game renforce la motivation et l’engagement du joueur. Cela l’aide à assimiler, lui permet d’expérimenter et de se confronter à un parcours évolutif. On voit là tout le potentiel pédagogique pour expliquer la complexité des terroirs aux Chinois et autres Américains !

 

Cela dépend aussi des objectifs initiaux bien sûr mais il est possible d’orienter l’élaboration du programme vers plus de fidélisation et de mémorisation de la marque. On peut alors recueillir des informations (adresses mail, data … ), inciter à prolonger le séjour ou à acheter des produits…

 

En travaillant sur ce qui est non dit (l’expérimentation, le partage avec d’autres visiteurs par la complémentarité des talents …), par l’aspect émotionnel, on amplifie et personnalise l’effort classique de l’accueil.

 

Globalement la gamification permet

  • l’amélioration de l’image en donnant un aspect sympathique grâce à des prestations originales qui tendent au sur mesure
  • l’amélioration de la visibilité, par la différenciation de l’offre, les prescripteurs la retiennent plus facilement
  • l’amélioration des services et des prestations en incitant les visiteurs et à la communauté à s’engager
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© Atelier Nature
A l’échelle de l’appellation ou du regroupement de prestataires

Pas besoin d’être une très grosse exploitation pour investir dans les promenades augmentées, le cas du domaine de Cinquau avec ses 8ha le prouve bien !

 

Cependant, avec l’accroissement du m-tourisme, les appellations et territoires ont tout intérêt à se pencher sur la question de la ludification de l’œno-destination en rendant attractifs des espaces considérés comme vides pour les citadins, en les aidant à se les approprier, en favorisant la curiosité et en donnant le sentiment de liberté et surtout la facilité d’usage du territoire.

 

L’exemple du Château de Couches est caractéristique. Ce prestataire œnotouristique a entraîné le territoire du Couchois a prolonger l’expérience, ce qui a amené l’ensemble de l’ère de production a développer une balade découverte de 2h.

 

Enfin, dans la logique de structuration de l’offre et de labellisation des territoires, l’effet synergie imposé par le nécessaire effort de clarification permettra d’orienter la stratégie vers un axe commun.

Ce travail sur soi, pour offrir une matière « virtualisable » aux entreprises digitales, apportera plus de visibilité à la destination, renforcera son positionnement et incitera les acteurs œnotouristiques à progresser vers la digitalisation.

 

La France est leader dans le domaine de la réalité virtuelle

open-tourisme-labStop au French Baching, la France excelle dans le digital. Avec la French Tech, issue d’une forte volonté politique pour favoriser les savoir-faire digitaux, le pays du Camembert et du béret est devenue une référence mondiale.

 

Les Brésiliens, les Canadiens ou même les Japonais seront très sûrement étonnés de se voir proposer des services de gamification dans les vignes… Du grand château Bordelais au domaine occitan moins visible, offrir des services digitaux pour des publics geek ou jeune n’empêche pas de garder la ligne traditionnelle du terroir et de se préparer à un futur, qui de fait nous emmène dans le virtuel !

 

 

 

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