Qu’est-ce que l’œnotourisme ? Est-ce du tourisme que l’on a coloré de vin ou bien est-ce une activité viticole transformée en tourisme ?
Nul doute que chacun des partisans du tourisme ou du vin prêcheront que leur secteur prévaut sur l’autre.
La frontière est parfois très fine et peu lisible pour pouvoir trancher aisément.
Un point d’analyse pourrait porter sur la fonction même de chacun des secteurs :
– le monde du vin travaille sur un produit réel, tangible et existant.
– le monde du tourisme gère du flux, de l’information et de l’immatériel.
Un autre élément utile est de partir du client (il ne veut pas savoir laquelle des deux branches est la plus importante, ce n’est pas son « affaire ».) qui cherche à avoir un service lié au vin et au loisir.
La définition de l’œnotourisme peut être ardue tant le spectre des prestations est étendu (un événement culturel dans une cave, une randonnée dans les vignes, une initiation à la dégustation vendue par une agence de voyages, une croisière fluviale sur le thème du vin, les soins corporels réalisés avec des produits dérivés de la vigne…).

Une activité protéiforme
On pourrait dire qu’il y a des œnotourismes : un hôtel installé à Sancerre fait du tourisme du vin, ainsi qu’un taxi qui promène des Australiens dans les vignobles du Var, un restaurant à Saint Emilion …
Est-ce que pour autant cela fait de ces intervenants de réels professionnels œnotouristiques ?
Un sommelier qui passe sa vie professionnelle en salle (de restaurant) l’est-il également ? Et que dire d’un guide conférencier, qui dans son bus mentionne un vignoble posé dans le paysage ?
De la même manière qu’on observe une grande variété dans l’offre (qui peut aller jusqu’à une certaine confusion durant les périodes de pics touristiques), il existe plusieurs approches et différents profils qui se rattachent plus ou moins au cœur ou à la périphérie du métier.
Les intervenants qui ont des contacts stratégiques avec l’œnotourisme (comme le chef de produit d’une agence de voyages spécialisée, le personnel d’accueil dans une cave, les agents administratifs qui composent la législation naissante de cette branche de métier) doivent connaître les contraintes des deux secteurs, les pratiques et les us et coutumes ; il faut aussi pouvoir apprécier ce qui différencie un œnotouriste d’un visiteur classique.
Le fond et la forme
La clé de l’évolution indispensable entre ces deux profils (professionnalisation) réside dans la connaissance des attentes et la capacité à satisfaire la demande du client. Comme il existe différents niveaux d’intérêt pour le sujet « Vin », la typologie du service œnotouristique sera à nuancer selon la qualification de la demande.
Ce travail de ciblage peut se révéler très complexe. Même si nous bénéficions de moyens de communication et marketing plus performants (notamment grâce à internet et au webmarketing), il nécessite la constitution d’un réseau de qualité (dialogue ouvert entre chaque interlocuteur).
Postulat
Le tourisme du vin résulte d’une hybridation entre des métiers du produit (vin) : c’est le fond et la motivation profonde du déplacement et du séjour ; et les métiers du service (tourisme) : c’est la forme, les moyens de réalisation, et la variable d’ajustement qualitatif.
Le fond et la forme sont les critères qui vont décider du niveau de prestation globale et c’est en combinant finement ces savoirs que l’on pourra prétendre au titre d’acteur œnotouristique.
Quelles différences entre un circuit touristique standard, qui passe une heure dans une cave et un circuit à objectif viticole qui fait une visite de ville ? Cela peut sembler très proche, mais pour un produit similaire, le résultat et le ressenti par le client seront aux antipodes. C’est la qualification de la demande et le choix de moyens et des prestataires qui vont faire toute la différence.